Six questions au chef de l'armée de l'air et de l'espace

Six questions au chef de l'armée de l'air et de l'espace

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STUTTGART, Allemagne — Avant le premier Salon du Bourget depuis l' pandémie a commencé en 2020, le chef d'état-major de la Force aérienne et spatiale française fait la lumière sur ce que les participants pourraient retirer de l'événement, qui se déroule du 19 au 25 juin.

Dans une interview du 8 juin avec Defence News, le général Stéphane Mille a noté que les trois chefs de l'air d'Allemagne, de France et d'Espagne avaient l'intention de signer un document conjoint décrivant «l'approche doctrinale du combat aérien collaboratif» alors que les trois nations poursuivent l'avenir de la prochaine génération. Programme de système aérien de combat.

Beaucoup visiteront probablement le pavillon inaugural du FCAS à l'étage du salon pour savoir s'il y a des mises à jour sur le programme, qui a subi des retards en raison de conflits de partage du travail dans l'industrie. Mille a déclaré qu'un avion de chasse de démonstration est attendu en 2029, deux ans plus tard que prévu initialement.

Le général a également évoqué les efforts de l'armée française vers une flotte de chasseurs entièrement Rafale, les leçons tirées de La guerre de la Russie en Ukraine, La stratégie spatiale de défense de la France et plus. Cette interview a été éditée pour plus de longueur et de clarté.

Maintenant que la phase 1B du programme Future Combat Air System - connu en France sous le nom de SCAF - a commencé, quelles sont vos attentes pour les étapes futures et les travaux connexes au cours des prochaines années avant qu'un démonstrateur ne prenne son envol ? Comment l'Armée de l'Air et de l'Espace va-t-elle contribuer au programme d'ici là ?

La phase 1B a été officialisée le 28 avril de cette année à Madrid, en Espagne, et devrait se terminer en 2025. Cette phase inaugurera l'architecture finale du SCAF, qui englobe l'ensemble des capacités du chasseur, y compris par exemple sa maniabilité, sa furtivité et sa puissance. Puis la phase 2 prendra le relais et débouchera in fine sur une plateforme de démonstration en 2029.

Une chose à retenir est que le Future Combat Air System est un système de systèmes comprenant le Next Generation Weapon System mais aussi d'autres systèmes et capteurs collaboratifs dans le bon environnement.

Le système d'arme de nouvelle génération est structuré autour d'un chasseur de nouvelle génération faisant équipe avec des plates-formes sans pilote et des transporteurs distants semi-autonomes au sein d'un environnement ou d'un système interconnecté plus large, constituant un système de systèmes aux côtés d'un nuage de combat.

Une question à considérer est la définition exacte des transporteurs distants. Je pense à leur taille, leurs fonctions et leur niveau de connectivité.

Il est important de noter que lors du Salon du Bourget, les trois chefs d'armée de l'air français, allemand et espagnol signeront un document commun sur l'approche doctrinale du combat aérien collaboratif. Rappelons que le combat aérien collaboratif est une forme de combat au sein de laquelle les capacités des systèmes d'armes constitutifs se renforcent mutuellement. Ce renforcement s'effectue sur l'ensemble des fonctions élémentaires du combat — détection, classement, décision, engagement/tir, évaluation des risques — afin d'assurer une capacité de performance unique dépassant celle de tous les systèmes travaillant isolément.

Ainsi, la notion même d'efficacité collective l'emporte sur celle d'une meilleure performance individuelle, y compris entre systèmes mixtes, et quel que soit le domaine de combat.

Entre autres concepts, le combat collaboratif reposait à la fois sur une approche système de systèmes et sur celle d'un nuage de combat. À cet égard, le combat collaboratif permet et nécessite à la fois le traitement de données primaires pour générer des connaissances partagées et contextualisées avec un taux de réussite plus élevé.

Comme vous pouvez l'imaginer, notre service, grâce à une équipe dédiée du SCAF au siège du ministère des Armées, a été continuellement engagé dans le programme avec nos alliés. Le travail du personnel n'a jamais cessé et, à court terme, il ne fera qu'augmenter.

Alors que la France se dirige vers une flotte de chasseurs entièrement Rafale d'ici le milieu des années 2030, quel est l'héritage du Mirage 2000 ? Qu'adviendra-t-il des chasseurs Mirage restants qui resteront en forme après leur retraite ?

Vous avez raison de dire que dans un avenir proche, l'un des objectifs de l'armée de l'air et de l'espace est d'évoluer vers une flotte de chasse entièrement Rafale. Mais cela prendra du temps à réaliser.

Premièrement, 48 de nos avions Mirage 2000D seront mis à jour, améliorant leurs capacités air-air. Lorsqu'ils prendront leur retraite, leur héritage sera continuer à alimenter la communauté Rafale. En effet, la culture étant un ajout cumulatif de connaissances au fil du temps, les escadrilles Rafale héritent des techniques, tactiques et procédures des anciens pilotes et ingénieurs.

Décoller en 15, 2000 voire XNUMX minutes pour un scramble en direct, bombarder à basse, moyenne ou haute altitude, voler très bas et très vite de jour comme de nuit, font partie du patrimoine et du savoir-faire des pilotes français. Ainsi, les escadrilles de Rafale continueront d'améliorer la préparation, l'endurance et la puissance aérienne grâce à l'héritage du Mirage XNUMX.

Pour les avions Mirage 2000 restants après la retraite, il n'y a pas de décision pour le moment quant à leur exploitation future potentielle - un rôle contradictoire dans la formation, l'exportation ou autre.

Comment le service entame-t-il les préparatifs d'une éventuelle flotte Rafale-SCAF à partir des années 2040 ?

Le service se prépare en réfléchissant au meilleur outil militaire pour les guerres de demain. Ce faisant, nous travaillons à développer l'ubiquité par procuration à travers une utilisation plus systématique de drones et de téléporteurs pour combattre aux côtés d'avions pilotés comme le Rafale.

Une collaboration active aux fonctions multiples — reconnaissance, ciblage, guerre électronique, etc.

Le Rafale va jouer un rôle dans cette stratégie renforcée, ce système de systèmes. Il aidera progressivement à adopter une perspective multidomaine via ses capteurs afin de maximiser les forces militaires interarmées.

Cependant, l'aspect clé d'un système de combat aérien efficace, connecté et collaboratif est le commandement et le contrôle. Le succès passera par une transformation progressive du C2 vers des structures de commandement évolutives capables d'attribuer les responsabilités de façon plus dynamique et plus rapprochée si nécessaire afin d'assurer la continuité de la chaîne de commandement — et ce faisant, de garantir un réponse mieux adaptée à un contexte spécifique.

Quelles sont vos observations sur la guerre de la Russie contre l'Ukraine en termes de domaines aérien et spatial — par exemple, l'utilisation de drones et le brouillage GPS ? Comment le service reflétera-t-il ces leçons dans ses priorités de dépenses ?

Il y avait quelque chose que nous n'avions pas vraiment vu au début, mais qui est essentiel pour la puissance aérienne : les forces aérospatiales russes, ou VKS, n'étaient pas préparées, pas efficacement employées, avec une absence de plan de campagne aérienne, avec une structure de commandement qui était très rigide par rapport à celui des Ukrainiens, qui était plus agile.

Cette guerre me rappelle un point précis que j'évoquais dans ma vision stratégique en 2021 : l'importance capitale des missions de « suppression des défenses aériennes ennemies », ou SEAD.

La supériorité aérienne repose sur deux piliers fondamentaux et complémentaires : la supériorité aérienne au combat et la neutralisation des systèmes de défense sol-air de nos ennemis. Une capacité SEAD est essentielle pour assurer la cohérence et la liberté de notre action dans un environnement contesté.

Débutant dans une période de « compétition », SEAD nécessite une connaissance approfondie des moyens et de l'organisation de notre adversaire. Une fois la phase de combat engagée, il faut pouvoir neutraliser ces systèmes en les bloquant ou en les détruisant.

Des améliorations doivent être apportées à nos capacités existantes pour renforcer ce domaine.

La guerre de l'Ukraine est une guerre de position ; cela ressemble à une guerre du passé. Avec une vraie campagne aérienne et une meilleure utilisation de la puissance aérienne, la situation au sol se serait réglée plus rapidement. La puissance aérienne est décisive lorsqu'elle est bien employée.

Enfin, cette guerre met en lumière le commandement et le contrôle ukrainiens innovants, agiles et efficaces ; l'importance des communications par satellite et l'irruption des actifs spatiaux commerciaux ; et une augmentation significative de l'utilisation de drones à bas coût, mais sans impact tactique ou stratégique décisif.

La stratégie spatiale de la France contient un clin d'œil explicite à la maniabilité des moyens spatiaux, y compris la manipulation de satellites potentiellement hostiles. Qu'est-ce que cela signifie et quels types de technologies pourraient entrer en jeu pour y parvenir ?

Puissance spatiale depuis plusieurs décennies, la France a identifié très tôt l'environnement extra-atmosphérique comme un facteur structurant de sa puissance, essentiel à son autonomie d'appréciation des situations, de décision et d'action. Elle a choisi d'inscrire ces efforts dans une stratégie à long terme. De ce point de vue, la Stratégie spatiale de défense française éditée en 2019 a marqué un tournant dans l'histoire de notre politique spatiale de défense, sans rupture avec le passé.

L'un des objectifs soulignés par ce document est de développer, pérenniser et améliorer nos capacités de renseignement stratégique militaire ainsi que d'appui aux opérations, tout en renforçant notre capacité à comprendre et à surveiller en permanence l'activité dans toutes les orbites d'intérêt de manière autonome, et en 2030 nous dotant d'une capacité spatiale de défense active pour pouvoir, en cas de besoin, défendre nos intérêts dans le strict respect du droit international, y compris l'autodéfense.

En parallèle, la France travaille avec ses alliés pour promouvoir une approche pragmatique basée sur des normes de comportement responsable visant à contrer les actions déstabilisatrices et à assurer l'utilisation pacifique de l'espace.

Si la France doit disposer de capacités autonomes crédibles d'évaluation de situation, de décision et d'action, elle doit aussi agir en coopération. À cet égard, la mobilisation de partenaires compétents et volontaires est plus essentielle que jamais. La France est ainsi engagée dans des coopérations multilatérales et bilatérales, notamment avec l'Union européenne et l'initiative appelée Opérations spatiales combinées.

France accueilli l'exercice Orion avec les alliés de l'OTAN, en se concentrant sur les domaines terrestre, aérien, maritime et du cyberespace. Quelles sont les leçons apprises suite à l'exercice ?

Les leçons apprises sont toujours en train d'être rassemblées, car Orion n'a pris fin qu'il y a quelques semaines. Nous avons besoin de temps pour rassembler et analyser les informations et les retours d'expérience de cet énorme exercice, unique au cours des 30 dernières années.

Un compte rendu à chaud de notre point de vue est que le nombre de sorties de chasseurs au cours de la quatrième phase d'Orion était impressionnant : 700 en deux semaines.

Orion était d'une importance significative en termes d'effort et d'engagement global pour nos aviateurs en parallèle de nos missions quotidiennes, et en plus de l'opération Sagittaire, l'évacuation des civils multinationaux du Soudan à la lumière de la crise en cours.

Une autre leçon apprise au cours d'Orion était la nécessité d'avoir une structure C2 multidomaine cohérente, permettant la communication entre les différents composants.

Le deuxième domaine abordé au cours de la deuxième phase d'Orion était le domaine spatial. Le Commandement spatial français, ou CDE, a organisé l'exercice spatial militaire AsterX, unique en Europe, sur le site du Centre national d'études spatiales à Toulouse. La nouveauté cette année a été son intégration complète dans la deuxième phase.

Par conséquent, les unités CDE se sont entraînées dans un environnement simulé mais réaliste et complexe, face à des menaces émergentes et de plus en plus variées. Environ 5,000 2 objets spatiaux ont été simulés durant les deux semaines dans des environnements multidomaines, permettant de tester l'interopérabilité entre le CXNUMX des opérations spatiales militaires et les autres structures de commandement.

Dans le but de renforcer la coopération opérationnelle dans l'espace, quelque 200 militaires américains, allemands, italiens et belges ont participé aux différentes simulations.

En fin de compte, Orion a révélé la nécessité et l'importance très réelles du rôle du domaine spatial dans les opérations militaires modernes. Nos capacités et moyens spatiaux soutiennent toutes nos opérations, que ce soit en termes d'observation, de télécommunications, d'écoute ou d'aide à la navigation. Partie intégrante des opérations militaires interarmées, les structures spatiales mettent le renseignement qu'elles collectent à la disposition des différents commandements opérationnels.

Vivienne Machi est une journaliste basée à Stuttgart, en Allemagne, qui contribue à la couverture européenne de Defence News. Elle a précédemment fait des reportages pour le magazine de la défense nationale, le Defence Daily, Via Satellite, Foreign Policy et le Dayton Daily News. Elle a été nommée meilleure jeune journaliste de défense des Defence Media Awards en 2020.

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